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C.V. de l'agricultrice de l'année 2013
Deuxième partie :
PRÉSENTATION ET IMPLICATION DE LA CANDIDATURE
C'est par une journée de pluie, qui me permet quelques minutes de répit,
que je m'adresse à vous pour vous soumettre ma candidature comme
agricultrice de l'année 2013.
Tout d'abord, j'aimerais me présenter : Je me nomme Louise Gingras, j'ai
45 ans, mère de quatre beaux enfants âgés entre 10 et 17 ans : Philippe 17ans,
Julien 15 ans (jeune adolescent trisomique), Hélène 12 ans et Annick 10 ans.
Je suis mariée à Rémi Garneau depuis bientôt 22 ans.
Je suis propriétaire de la Ferme Louison Enr., ferme familiale située sur
la rue St-Cyrille à Normandin et oui celle de la chanson des Colocs. J'ai repris
la ferme de mon père Benoît Gingras et de ma mère Marie-Reine Bernard. Ceci
veut donc dire que c'est à moi qu'est revenu ce bel héritage. Et surtout, il ne
faut pas oublier que je ne suis pas la x ième génération car ce sont mes parents
qui sont la première génération sur cette ferme. Ils en ont fait l'acquisition en
1973. Avant ce temps, ils étaient propriétaire d'une ferme dans le petit village
de St-Thomas Didyme à 10 minutes de Normandin mais la région n'était pas
dans un territoire agricole donc ils ont choisi de s'établir à ce merveilleux
endroit situé à 5 minutes de tous les services essentiels pour nous (coopérative
agricole, garages, caisse, école...)
Dès mon jeune âge, j'ai commencé à aider mes parents sur la ferme tout
comme mes frères et ma soeur, ce qui était tout à fait normal sur une ferme
familiale. Je suis la cinquième d'une famille de sept enfants, dont 6 vivants.
Deux de mes frères sont agronomes, ils travaillent pour Financement agricole
du Canada et pour Institut technologie agroalimentaire de La Pocatière. Un
technicien agricole qui travail pour le Centre d'insémination artificiel du
Québec., ma soeur est ingénieur en agro-environnement, travail pour le Groupe
Alco Inc. et moi-même technicienne agricole. Donc, ils travaillent tous dans le
domaine de l'agriculture dans différents secteurs : finances, firme consultant,
insémination, enseignement. Il ne faut pas oublier mon frère aîné qui a fait son
cours en agriculture à la polyvalente de Normandin. Il décida après quelque
année de travail avec mon père sur la ferme familiale de quitter ce métier pour
devenir camionneur. Voilà, il faut dire que rien ne laissait présager qu'un jour la
ferme serait la mienne, car en avant de moi il y en avait déjà quatre.
Je croyais que ce métier n'était pas pour moi. Donc, j’ai décidé de
prendre un cours en bureautique au CEGEP de Jonquière, question de
m'éloigner de l'agriculture, mais après un an d'études, je me suis vite aperçue
que l'appel de l'agriculture devenait plus fort. Alors j'ai pris mon courage et j'ai
annoncé la nouvelle à mes parents. Une fille en agriculture.....Mais le message
s'est très bien fait entendre et j'ai reçu l'encouragement ainsi que l'appui de mes
parents dans ma démarche.
Donc, en route pour une formation en gestion et exploitation d'entreprise
agricole au collège d'Alma. Et c'est ainsi que débute mon aventure en 1987.
Dès la sortie de ma technique, mes parents me demandent de venir les
rejoindre car mon frère aîné décide de quitter l'agriculture. Pourquoi pas??? On
peut toujours risquer et essayer. De tout manière, je me suis toujours sentie
bien sur la ferme : faire mes randonnées en vélo dans les champs, allez
chercher les vaches aux pâturages, apporter un sandwich et piqueniquer, allez
boire de l'eau à la source, jouer aux indiens et aux motards avec mes frères,
cousins, cousines et tante..... Que de plaisirs!
En 1991, deux ans après la fin de mes études, je deviens sociétaire à 20
% des parts avec mes parents et l'entreprise laitière prend le nom de « Ferme
Louison Enr.». Pendant plus de 10 ans, je travaille sans demander d'énormes
revenus car la situation financière représente un défi pour le transfert. J'ai eu la
chance de rencontrer Rémi sur ma route car il m'apportait son soutien par un
revenu extérieur comme peintre-débosseleur et il m'aidait occasionnellement
sur mon entreprise. En plus l'amour était là, que rêver de mieux...!!!
Au fil des saisons et des grossesses, c'est avec beaucoup d'ardeur au
travail, de patience, de minutie, de douceur, de passion que nous avons dû
faire face au défi que représente la gestion de l'entreprise avec ses difficultés
financières. De plus, je peux dire que je me caractérise également par une
capacité de rester positive devant les épreuves. C'est sans doute ce qui m'a
aidé à traverser en 2001 la perte de notre troupeau laitier Ayrshire par
l'infection du B.V.D (diarrhée virale bovine). Donc, vide sanitaire exigé pendant
un an.
Alors qu'un nouveau troupeau était sur le point de réintégrer l'étable, les
installations brûlent en entier en 2002. Donc, sans hésitation j'ai fait le choix de
continuer dans cette vocation, et oui je dis bien « vocation» car pour vivre en
agriculture il faut être tombé dans la potion magique comme Obélix. Il ne faut
surtout pas compter ses heures mais regarder les résultats et la fierté du travail
accompli.
Avec l'appui de mes parents et de Rémi, nous avons acheté une étable
que nous avons déménagée en 4 sections en avril 2003 et remise à neuf. De
plus, nous avions la possibilité de réutiliser, en annexe à cette étable, trois
silos en douves pour entreposer les fourrages, ce qui nous permis de
reconstruire 2 silos beaucoup plus haut. Cette chance nous donna la
possibilité de reconstruire avec un budget limité car les assurances ne couvrent
jamais 100% des dépenses. Nous avons également utilisé une structure d'acier
qui servait à une fosse à fumier pour la déménager et l’installer comme grange
et aire d'alimentation. Voilà un bon moyen de récupérer ce qui est récupérable
et de l'utiliser. Pourquoi ne pas réutiliser ce que nous pouvons pour protéger
notre environnement? Et c'est enfin le 18 août 2003 que nous avons le plaisir
d'entrer un nouveau troupeau Holstein et de faire notre première traite. Dans le
même automne, je deviens propriétaire majoritaire de la ferme avec 70 % des
parts et Rémi s’intègre à l'entreprise à temps plein, avec également 30 % des
parts de la société que mes parents nous transfèrent. C'est aussi en janvier
2003, que je donne naissance à mon quatrième enfant. OUF!!
Après 10 ans, depuis notre redémarrage, je peux dire que notre
décision était la bonne. Le feu nous a permis une installation plus adaptée, où il
fait bon travailler tout les jours dans le confort et le bien être des animaux ainsi
que des humains.
Aujourd’hui, je suis fière de mon entreprise et d'être la relève féminine de mes
parents.
Productrice laitière à temps plein avec 56 kg /jour et toujours en progression
350 acres cultivables et 15 acres en boisé. Sans oublier 56 vaches laitières
avec leurs relèves. Ce qui fait donc un total de 85 collègues de travail, car oui
nos animaux sont nos associées car ce sont elles qui acceptent de travailler
avec nous et nous donnent le fruit de notre travail soit le lait. Voilà la gestion de
notre personnel. Il ne faut pas oublier que je dois également gérer certains
petits conflits qui peuvent survenir parfois lorsque les idées s'entrechoquent
entre personnes. Il faut user de patience et mettre de l'eau dans son vin de
chaque côté comme je dis souvent aux enfants « On ne se chicane jamais
seul! ». Il faut respirer un bon coup, laisser la colère diminuer, prendre un peu
de recul, analyser la situation, réfléchir, dialoguer et tout finit pas s'arranger
lorsque les personnes veulent bien collaborer.
Je suis présente dans tous les domaines. Je suis responsable de la
gestion du troupeau, l’insémination, la médecine préventive, le bien être des
animaux, la tenue des livres, l'aménagement paysager, le programme
agroenvironnement en fertilisation et la fameuse papeterie que nous recevons
à tous les jours. Je me suis investie également dans le lait canadien de qualité
qui a été une des premières fermes à être accréditée au Saguenay-Lac-St-
Jean. Cela était très important pour Rémi et moi de pouvoir bénéficier de l'aide
que la fédération des producteurs de lait nous apportait pour introduire ce
programme sur notre ferme. Car cela nous apporte un meilleur suivi pour
produire un lait de meilleur qualité donc plus rentable pour notre entreprise
ainsi qu`un merveilleux outil de travail. Bientôt, nous travaillerons sur le projet
du bien-être animal et de la biosécurité qui fait partie de Pro-Action ainsi que
sur l'implantation des haies brise-vents, projets toujours présents dans le futur.
Je participe aux travaux dans les champs ainsi qu'à la traite dès 5 h00 le
matin ainsi qu’à celle du soir, sept jours sur sept. L'avant-midi, je vais toujours
à l'étable pour les soins, l'alimentation et l'entretien de mes collègues de travail.
Rémi s'occupe du domaine de la maintenance de toute la machinerie et de
l'entretien des bâtiments car pour lui, rien n'est fait sans analyser la situation.
La prise de décisions pour toute la gestion se prend à deux pour le bien-être
de l`entreprise. Nous sommes bien-entendu une société.
Nous nous permettons également de nous faire conseiller par notre
syndicat de gestion, nos conseillers de Valacta, le Centre d'insémination
artificielle du Québec, la Coop, Ali-Sem 2000 Inc., le Financement Agricole
Canada ainsi que par les membres de la famille qui sont des spécialisés dans
le domaine de notre questionnement. Mais la décision finale nous appartient.
Nous essayons de faire des choix qui nous permettent une meilleure qualité de
vie et une meilleure rentabilité et efficacité de notre entreprise.
Nous n’avons aucun employé car l’entreprise est 100 % familiale. Les
enfants sont présents sur notre ferme et mes parents nous donnent encore un
bon coup de mains.
J'essaie d'être le plus souvent possible à la maison lors de leur retour de
l'école pour le dîner et à la fin de la journée. Mais si parfois, en entrant dans la
maison, je ne réponds pas à « maman ! ». Ils savent que je ne suis jamais loin
et ils sont toujours capables de me rejoindre à l'endroit où je suis, c'est-à-dire
sur notre ferme. C'est une chance que j'ai moi-même eue lorsque j'étais jeune.
Mes parents n'étaient jamais loin. Ma mère était et sera toujours un modèle
pour moi.
Toujours souriante, incapable de dire non, elle s'occupe de tout le monde et
offre à chacun la petite attention qui lui fait plaisir. Elle a toujours participé
aux travaux sur la ferme avec mon père. Ils sont un exemple que l'amour, le
travail et les affaires peuvent survivre car cela dure depuis 51 ans de mariage.
De plus, ils habitent près de chez moi sur la ferme avec ma grand-mère
qui aura bientôt 97 ans. Nous pouvons dire que c'est une maison
intergénérationnelle. C'est un privilège que m'offre mon métier : « Être entourée
de ceux que j'aime»
J'ai la chance de pouvoir compter sur la présence de ma mère qui m'offre
une aide essentielle. Elle aide aux devoirs, et elle fait des petits plats cuisinés
lorsque le temps me manque. Pour sa part, mon père qui ne compte pas ses
heures, est toujours généreux de sa personne.
Mon désir serait que je puisse faire aimer ce métier à mes enfants car je
suis consciente que c'est une profession qui demande énormément mais elle
nous donne sans compter en retour.
Voir le printemps arriver à notre porte qui nous offre encore une fois cette
verdure irremplaçable, l'été qui nous permet de faire des provisions pour
nourrir cette grande établée, l'automne avec sa saison qui devient couleur or et
celle de l'hiver qui offre à cette nature un temps de repos si bien mérité ainsi
qu'à nous un petit temps de relaxation.
Voilà pourquoi je me dois d'enseigner à mes enfants le respect de la
nature et des animaux. C'est ce que notre garçon souhaite faire également car
à l'automne 2013, il ira étudier à l'ITA de la Pocatière en gestion et
exploitation d'entreprise agricole. Nous commençons tranquillement à lui faire
sa place dans notre entreprise. Je crois que la potion magique est également
dans les trois autres enfants. L'avenir nous le dira, une chose est certaine, nous
les encouragerons dans leurs choix peu importe ces derniers.
Troisième partie :
Développement de l'agriculture
Toute juste sortie du CEGEP en 1989, je me suis impliquée dans le
bureau de direction du Centre Régional des Jeunes Agriculteurs (C.R.J.A.) de
mon secteur. Mon but était de faire aimer l'agriculture aux jeunes comme moi et
de les encourager dans leurs projets de transferts et de leur démontrer que tout
peut devenir possible dans la vie si nous croyons à notre rêve. Puis je suis
devenue secrétaire du Cercle d'Amélioration de Bétail (C.A.B.) local. Notre but
était de diminuer les fameux boeufs reproducteurs dans les étables laitières car
les dangers sont réels et si nous voulons que la génétique s'améliore dans les
troupeaux, il faut choisir un autre moyen soit celui de l’insémination artificielle.
Voilà pourquoi, il est essentiel d'offrir un excellent service aux producteurs.
Par la suite, je me suis consacrée à la maternité pour revenir en 2008,
secrétaire de l'Union des producteurs agricoles (UPA) des Plaines Algé de
mon milieu, jusqu’à la fusion de notre syndicat de base à l’automne 2012.
Plusieurs dossiers étaient importants : la protection du territoire agricole, la
formation continue, les sentiers de véhicules hors route ainsi que le dernier
dossier qui touchait notre région soit l’agriculture nordique. J'ai eu la chance de
côtoyer plusieurs personnes de différents secteurs de l`agriculture qui étaient
dans le bureau de direction. J'ai alors constaté que peu importe le secteur, il y a
beaucoup à faire pour que l'agriculture soit bien perçue de la population. Il faut
faire de l'éducation et de la sensibilisation pour que nous soyons bien vus par
la population. Mais il ne faut surtout pas se décourager. Il faut rester positif dans
toutes les situations.
Je me suis impliquée également dans les journées portes ouvertes de
l'UPA, sécurijour pour nos enfants, sécurité sur les fermes, soirée sociale de
l’UPA... La sécurité est un sujet qui est très important pour moi car sur une
ferme, il y a beaucoup de dangers que ce soit au niveau de la machinerie, du
comportement animal, de l'environnement et ainsi de suite. Nous avons
justement installé des gardes de sécurité, une passerelle autour de la montée
de l'écureur, des gardes également pour les échelles qui sont dans la grange,
des barrières qui bloquent l'entrée dans les secteurs dangereux.....Il vaut donc
mieux prévenir que guérir comme le dit si bien cette expression.
Toutes ces expériences m’ont permis de voir l'agriculture sous d'autres
yeux. Le domaine a besoin de personnes qui s'impliquent pour préserver notre
richesse qui est unique et irremplaçable. Un ordinateur ne pourra jamais
donner du lait. Il ne faut surtout pas oublier le slogan : « Pas de nourriture sans
agriculture.»
Nous avons un rôle important dans la vie de chaque personne sur la
terre, soit de nourrir la planète. Tout cela doit également se faire avec un
respect de notre environnement qui est unique et très fragile. Il doit être encore
là pour nos enfants et petits enfants. Il faut absolument la protéger.
J'ai eu l'honneur de recevoir en 2005 le prix de la relève agricole du
Saguenay-Lac-St-Jean remis par la Centre régional de développement en
agriculture de notre région. Ce fut pour moi une petite tape dans le dos pour me
motiver d'avantage.
Quatrième partie :
Participation à des activités sociales ou communautaires
Au niveau de ma communauté, je m'implique dans mon Église par la
musique. Depuis l'âge de 14 ans, je joue de l'orgue pour accompagner la
chorale, chanteurs et chanteuses durant les célébrations diverses. Cette activité
me permet de décrocher de l'agriculture pour quelques heures et m'offre une
certaine relaxation. Je peux dire que je permets à certaines personnes, par ma
musique, de réfléchir et de refaire le plein dans leur tête et dans les coeurs.
Nous offrons également cet héritage de la musique à nos enfants car ils ont la
possibilité d'étudier celle-ci à l'école de notre village en musique-études au
secondaire. La musique est le moyen par excellence pour laisser sortir nos
émotions qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
En 2007, je me suis impliquée pour créer l'Association de la trisomie 21
du Pays des Bleuets qui a vu le jour grâce à des parents comme moi. Cette
association était un besoin dans notre milieu et même au niveau de tout le
Saguenay Lac St-Jean. Étant mère d'un jeune garçon trisomique qui est âgé
maintenant de 15 ans, mon mari et moi, à sa naissance, n'avions aucun endroit
pour se renseigner et côtoyer d'autres parents qui avaient vécu ou qui vivaient
une telle situation. Le tout étant gardé «confidentiel».
Donc, le besoin était là! L'association offre aux parents l'occasion
d'échanger sur les sujets qui les touchent tous les jours comme par exemple
l'état de santé de nos enfants et les services qu'ils ont besoin et qui ne sont pas
toujours facilement accessibles. Ces services sont entre autres l’orthophonie,
l’ergothérapie et l’intégration scolaire qui sont un combat de tous les jours
souvent synonymes de coupures de budgets. Nous offrons également notre
support moral lors de naissance d'enfant trisomique aux nouveaux parents qui
ont un besoin. Le rôle qui me semble très important également est celui de faire
connaître la trisomie 21 et de ne pas laisser ses enfants à l'écart mais plutôt de
les intégrer dans notre vie de tous les jours dans notre milieu car ils méritent de
se faire connaître! L'intégration scolaire est une bataille de tous les jours mais
lorsque celle-ci est faite de façon harmonieuse, elle permet à tous ceux qui
apprennent à les connaître de sortir grandi de cette aventure.
C'est incroyable ce que nous pouvons leur apporter et ce qu'ils nous
donnent en retour. « Personne ne mérite d'être mis à l' écart.»
Depuis sa fondation, l'association a permis à des parents d'enfants
trisomiques d'échanger sur leur quotidien ainsi qu'à leurs frères et soeurs d’en
faire autant. De nouveaux liens se sont tissés et des enfants ont vécu des
journées extraordinaires. C'est une belle réussite et je suis fière d'y avoir
contribuée.
Une chose que j'ai apprise à la naissance de notre garçon, c'est de
regarder le moment présent et non d'essayer de voir ce que sera demain. Qui
aurait dit qu'aujourd’hui, je serais aussi fière de ce qu’il est devenu.
Par exemple, nous l'intégrons aux travaux de la ferme. Par sa
participation, nous pouvons constater qu'il est capable accomplir de belles
choses à sa manière et l'estime de soi en sort grandi. Le voir sur la ferme avec
nous est une belle joie que nous offre ce métier. Peut-être que la ferme pourra
un jour accueillir des enfants handicapés comme notre garçon et leur faire
vivre de beaux moments avec la nature, le contact des animaux et des
humains? C'est un petit rêve que j'ai au fond de moi!
Les activités auxquelles je participe pour améliorer la condition des
agricultrices est très simple. Je suis membre de la fédération des agricultrices
du Québec depuis plus de 15 ans. Je démontre, par ma présence aux réunions
diverses, mon positivisme ce qui n'est pas toujours le cas des producteurs
agricoles. Et oui, il ne faut pas s'en cacher, beaucoup de producteurs sont très
négatifs et cela apportent à la relève un vent défavorable pour les transferts.
Lors des mes premières participations à des réunions, c'était quelque chose qui
m'avait marqué et même en 2013 cela est toujours le cas. Il faut toujours
chercher le bon coté d'une situation.
Prendre le temps de regarder ce que cela peut nous apporter et se
relever les manches. Nous finissons toujours par en ressortir gagnant. C'est en
tombant et en se relevant que nous apprenons à marcher. En agriculture, il faut
prendre une journée à la fois en sachant que demain sera là. Le fardeau
semble moins lourd à porter.
De plus, lorsque certains représentants viennent offrir leurs produits et
oui je peux vous dire qu'ils sont très nombreux sur une ferme......Parfois ils
demandent à parler aux propriétaires. Je leur réponds : « Elle est ici même. »
Même en 2013 certains hommes préfèrent parler aux hommes sur la ferme. La
femme agricultrice n'a pas sa place. Alors, je peux vous dire que si la
personne ne veut pas m'expliquer ce qu'il en est, il repart d'où il vient. Il ne faut
pas se laisser faire et il faut prendre notre place dans ce métier d'hommes.
Il ne faut pas oublier que dernière chaque homme se cache une femme
mais également dernière chaque femme se cache un homme. Moi et Rémi,
nous nous complétons à merveilles car dans la faiblesse de l'un devient
s’ajouter la force de l'autre. Et nous misons également sur la vie familiale et sur
les grandes valeurs de celle-ci. C'est une richesse non monnayable. La famille
est notre force et nous espérons que cela continuera avec les enfants de nos
enfants. Et cette valeur vient également de nos parents respectifs. C'est grâce à
eux si notre famille à une base aussi solide. Je les remercie pour nous avoir
appris celle-ci. Une famille unie restera toujours essentielle pour moi.
Notre but et défi, dans les prochaines années, sera de transférer à nos
enfants et que cela puisse continuer comme certaines fermes de génération en
génération. La ferme familiale à dimension humaine aura toujours sa place et
nous devons nous battre pour que celle-ci continue encore. Autre chose
également : Éduquer la population pour les sensibiliser à l'agriculture, d’où
viennent le lait, les oeufs et la viande avant leur arrivée à l'épicerie. Notre façon
de faire : Accueillir mes neveux et nièces durant l'été pour justement leur
apprendre cela en vivant sur la ferme avec nous et en les impliquant lors de
petits travaux à la ferme. Les amis de nos enfants sont toujours les bienvenus
ainsi que toutes personnes qui désirent s'informer au sujet de l'agriculture.
Je voudrais remercier mon associé, mon mari, mon amoureux qui a bien
voulu me suivre dans cette belle et grande aventure que nous avons la chance
de vivre ensemble.
À mes enfants qui comprennent mon métier et acceptent cette vie sans
vacances abondantes à l'extérieure.
Je voudrais, en terminant, remercier mes parents qui ont eu confiance en
moi et m’ont permis de réaliser mon rêve soit de devenir propriétaire de mon
entreprise et de vivre une vie familiale entourée de mes enfants, mon mari ainsi
que de mes parents. Que demander de plus......
Je vous aime tous et je suis heureuse!!!!
Un gros merci également à Financement Agricole Canada qui on eu
confiance en nous.